L’architecture des églises s’est depuis toujours inspirée de celle des arbres et des forêts. La symbolique de l’arbre, dont les racines s’enfoncent dans le sol et dont la ramure, élancée vers le ciel, forme une voûte de verdure, est un archétype qui a conduit les bâtisseurs pour construire églises et cathédrale. Cette approche cosmologique et écologique témoigne de l’union du Ciel et de la Terre : les lieux sacrés sont des lieux d’unification du cosmos où l’être humain vient ressourcer son être. Il y a dans la nature une porte sacrée qu’il ne faut pas oublier.
S’inspirer de la nature vivante pour concevoir les inventions techniques les plus extraordinaires, voilà une approche qui remonte à la nuit des temps. De l’ornithoptère de Léonard de Vinci aux robots moléculaires de Jean-Pierre Sauvage (Prix Nobel de chimie 2016), la dynamique du biomimétisme –ou de l’imitation de la nature – est riche d’inventions. Qu’il s’agisse des hélices de l’érable qui ont inspiré la construction des pales des hélicoptères ou de la bardane qui conduit à l’invention du velcro… La nature a très souvent été la grande sœur des inventeurs.
En ce qui concerne l’architecture et l’acoustique, l’observation et l’écoute des arbres a conduit à différent modes de construction (art roman, art gothique par exemple). Les futaies de chênes ont davantage inspiré la création de voûtes romanes en plein cintre ; les futaies de hêtre ont conduit à la création des voûtes gothiques avec leurs croisées d’ogives. Nous le savons : il y a un lien fondamental, synestésique, entre « voir » et « entendre », entre la vue et l’ouïe. Une forme induit une ambiance et son. Les réalités sonores des églises romanes d’une part et des cathédrales gothiques d’autre part sont très différentes. Acoustiquement aussi différentes qu’elles ne le sont visuellement.
La mise en parallèle de quelques photos nous permet de comprendre le biomimétisme qui a influencé les bâtisseurs. De manière analogue, vous devinerez que l’acte de bâtir, tel celui du luthier, conduit à la réalisation de gigantesque instruments de musique : selon leurs formes, ils sont adaptés à tel ou tel type de répertoire : les voûtes en plein cintre conviennent à la monodie grégorienne alors que les voûtes élevées sont adaptées à la polyphonie et à l’introduction de l’orgue. Aussi, lorsque l’on rénove des voûtes et qu’on modifie la géométrie, non seulement l’aspect visuel change, mais c’est aussi l’ambiance sonore du lieu qui va changer.